L’émotion, est un état affectif intense qui concrétise les sentiments et met le corps en mouvement.
Philip Shaw, dans une synthèse sur ses liens avec le TDA/H (2014), explique que la régulation des émotions est la capacité d’un individu à modifier un état émotionnel afin de promouvoir des réponses comportementales et physiologiques modulées en fonction de ses objectifs.
Pour la plupart des personnes les émotions viennent et repartent parfois de manière inaperçue. La tristesse, la peur, la colère, la joie, le dégout et la surprise rythment notre quotidien.
Mais pour un porteur de TDAH, ses émotions contribuent à son handicap.
En effet, parmi les symptômes du TDAH on met souvent en avant l’inattention, l’hyperactivité et l’impulsivité mais derrière eux réside, entre autres, un défaut de l’inhibition.
Pour Russel Barkley, le défaut d’inhibition est observé chez 34 à 70 % des adultes atteints de TDA/H. Il impacte 4 fonctions : la mémoire de travail, l’auto-régulation des affects, l’internalisation du langage et la synthèse (analyse et reconstitution des informations) Wodka et al 2007.
Pour un porteur de TDAH, un contexte émotionnel chargé pourra entrainer une réaction impulsive décuplée. Il aura ensuite un temps de « redescente » plus long. Ce temps additionné aux stimuli quotidiens pourra enclencher des crises émotionnelles à répétition.
Peut-on dès lors parler de dysrégulation émotionnelle ?
En 1960, le DSM III met en avant pour le TDAH la dysrégulation émotionnelle en tant que syndrome des « dommages cérébraux minimes » précurseurs du TDAH . Cette position sera abandonné 20 ans après pour en faire un symptôme non déterminant pour le diagnostic mais caractéristique du TDAH.
La dysrégulation se définit par :
- un déficit d’autorégulation de l’excitation physiologique liée à de fortes émotions,
- des difficultés à inhiber le comportement inapproprié spontané suscité par une forte émotion positive ou négative,
- des problèmes à redéployer l’attention depuis des stimuli émotionnellement forts,
- une désorganisation dans la coordination du comportement en réponse à une activation émotionnelle.
Cette altération des processus adaptatifs, engendre des comportements, des expressions et des expériences émotionnelles excessives par rapport aux normes sociales et inappropriées par rapport
au contexte.
L’entourage du porteur constatera des changements émotionnels rapides et mal contrôlés,
une « labilité de l’humeur », et une focalisation anormale sur les stimuli émotionnels.
Il constatera aussi que les problèmes émotionnels ont un impact sur l’hyperactivité du porteur,
sur son bien-être et son estime de soi.
C’est notamment le cas pour les femmes qui ont plus fréquemment des TDAH de type inattentif. Pour la Dr Gachet, psychiatre, cela se traduit par des troubles davantage internalisés, « avec une labilité émotionnelle, une thymie basse et une anxiété ». Ce modus operandi contribue à la méconnaissance du trouble et aux erreurs de diagnostic chez la femme porteur de TDAH.
Cet impact est aussi visible chez jeunes enfants TDAH. Trop jeunes pour gérer leur inhibition, et s’autoréguler, ils laissent souvent les parents impuissants devant leurs crises de frustrations, de fatigues ou d’incompréhension de leur environnement.
Peut-on résoudre une dysrégulation émotionnelle ?
Les thérapies comme l’EMDR, la TCC ou le coaching utilisent les outils pour permettre aux porteurs d’exprimer ces émotions, de les comprendre et d’apprendre à les réguler.
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Sources :
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4282137/
Barkley, R. (1997). Behavioral inhibition, sustained attention, and executive functions: constructing a unifying theory of ADHD. Psychol Bull., 121(1), pp. 65–94.
Shaw, P., Stringaris, A., Nigg, J & Leibenluft, E. (2014). Emotion Dysregulation in Attention Deficit Hyperactivity Disorder. American Journal of Psychiatry 171(3), pp. 276-293.
Poissant, Hélène. « Inhibition et autorégulation : l’exemple des enfants présentant un trouble déficitaire de l’attention », Le Journal des psychologues, vol. 244, no. 1, 2007, pp. 35-39.
https://hal.univ-lorraine.fr/hal-03298084/document
https://www.univadis.fr/viewarticle/encephale-2022-tdah-chez-la-femme-adulte-attention-aux-erreurs-diagnostiques