Si vous avez lu mes derniers articles vous avez compris que le trouble apparaît dès la naissance et ne disparaît pas. Il se modifie avec le temps et la compréhension que son porteur en a.

Voici un petit récapitulatif du trouble par âges

La petite enfance : de 0 à 6 ans

A la naissance, il n’y a pas de vraies différences entre un bébé typique et un bébé neuro-atypique. Ils pleurent tous les deux quand ils ont faim, sont fatigués, ont mal au ventre ou aux dents. Vous l’aurez compris en tant que parent rien ne laisse supposer à la naissance de notre enfant que celui-ci soit porteur d’un trouble.

Puis le bébé grandit (6 mois/4 ans). En regroupant les témoignages de parents j’ai pu relever que les éléments suivants étaient redondants (Attention cela ne signifie pas que si l’enfant à tous les symptômes cités ou seulement un seul, il est porteur d’un TDAH, je vous rappelle que seuls les neuropsychiatres ou pédopsychiatres peuvent établir un diagnostic):

  • Le manque de sommeil : les nuits trop courtes ou le refus de faire la sieste,
  • La motricité : un enfant très tonique, qui marche très tôt (vers 8 mois), qui escalade le canapé ou toutes autres structures. Cet enfant pour qui vous avez pensé acheter un casque de protection car il prend tous les risques sans avoir conscience des dangers.
  • Le retard de langage : en tant que parent cette phase est souvent interrogative vers les 15 mois/2 ans de l’enfant. Tous les petits copains parlent, pas le nôtre.
  • Les colères : avec le retard de langage, l’incompréhension et les frustrations entrainent chez l’enfant des colères, des cris et de l’agressivité.
  • La volonté : avec la motricité associée au retard de langage, l’enfant développe son indépendance et sa volonté. Si les objets sont à sa hauteur il est probable que l’enfant prendra ce qu’il souhaite plutôt que de chercher à se faire comprendre.

 

Pendant cette te période, à moins d’avoir dans l’entourage de l’enfant une personne diagnostiquée et sachant gérer son trouble, les parents se retrouvent souvent avec un sentiment de solitude lié à une grande fatigue. Les professionnels de la santé, à ce stade, n’interviennent pas souvent.

petit garçon tirant la langue Avec l’entrée à l’école (3 ans / 6 ans) et la découverte de la socialisation, les parents se retrouvent confrontés aux remarques et aux comportements liés aux troubles neurologiques.

Car à une motricité active, pas toujours canalisable pour un petit dans une classe pleine de jouets ou tout pour lui est un appel, s’ajoute les pulsions. Certains enfants ont encore des retards de langage à l’entrée de la maternelle ce qui influent sur leurs frustrations et leur pulsion. Ce n’est pas toujours simple de comprendre que l’on doit prêter un jouet, ne pas arracher des mains le crayon du copain, rester assis pendant l’histoire, bref être élève selon les critères de l’Education Nationale.

Pour cet enfant de moins de 6 ans, dont le cerveau est en pleine construction, cet apprentissage des limites et du comportement social attendu peut être compliqué et source de souffrance.

C’est la période la plus propice à la prise en charge médicale du porteur. Il faut savoir qu’entourer très jeune un enfant atypique par des praticiens expérimentés dans ce trouble est bénéfique pour le porteur comme pour son entourage. Parmi ces praticiens on retrouvera les psychomotriciens (avec une formation en reflexes archaïques si possible), les psychologues, les orthophonistes, les éducateurs spécialisés, les pédopsychiatres, neuropsychiatres etc … Malheureusement la prise en charge n’est pas toujours possible si tôt.

 

L’enfance : de 6 ans à 11 ans

C’est une période importante pour le porteur du trouble et son entourage. Souvent c’est pendant cette période que le trouble est « découvert ». Les professionnels de la santé ne posent pas de diagnostic avant 6 ans. Les rendez-vous médicaux thérapeutiques s’enchainent alors pour apprendre à chacun à accepter et à gérer le trouble TDAH.

garçon qui lit un livre  Mais cela prend beaucoup de temps et la vie scolaire se poursuit à côté. Cela entraine parfois des décalages et des comorbidités chez l’enfant et une pression familiale importante.

En effet, c’est pendant cette période que les différences sont les plus visibles. Jusqu’à 6 ans les parents sont confrontés à l’hyperactivité et l’impulsivité de l’enfant mais avec la pression scolaire ils découvrent son inattention et parfois d’autres troubles comme les DYS ou le TSA*.

L’enfant quant à lui est à un âge ou les paroles et les actes ont du sens. Il perçoit les moqueries, les reproches, les énervements que vont entraîner ses oublis, ses paroles sans filtres, ses incompréhensions des situations ou des comportements, sa motricité. Mais sans comprendre pourquoi les autres réagissent ainsi ou ce qu’il a fait de déplacé.

L’enfant porteur du TDAH peut alors culpabiliser, se renfermer parfois s’isoler. Il peut développer des comorbidités comme de l’agressivité, un manque de confiance en soi, une baisse de l’estime de soi et de l’anxiété pouvant aller jusqu’à la phobie scolaire ou à des idées suicidaires.

Pour l’entourage c’est aussi une période difficile. Les prises en charge médicale entrainent de nombreux déplacements, adaptation familiale et charge mentale. A cela, il faut aussi ajouter les demandes scolaires et nos propres visions de l’enfant.

Les témoignages de parents de porteurs de TDAH montrent que cette période est source de stress, de fatigue mentale et de rupture de confiance avec les organismes extérieurs (Education Nationale ou médecin).

Pourtant les apprentissages sur le trouble, via les thérapies et les échanges sociaux, effectués pendant cette période vont permettre de poser des bases saines pour la construction identitaire du porteur et son mode de vie future.

L’adolescence : de 11 ans à 20 ans

Pour les professionnels de la santé, l’adolescence est une période particulièrement à risque en général. En fonction des bases posées les années précédentes l’adolescent va créer sa relation adulte avec la société et sa construction identitaire

Le trouble évolue peu pendant cette période, mais son association avec les changements hormonaux et physiques peuvent accentuer les effets du TDAH ou ses comorbidités.

Pour  l’adolescent, c’est une période de « normalisation ». Certains adolescents, après des années de suivi médical, refusent les prises en charge et cherchent par eux-mêmes la meilleure façon d’être « comme tout le monde ». Si cela fonctionne pour certains, pour d’autres c’est le risque d’échec scolaire, de rupture avec l’entourage familial ou d’addictions.

C’est pendant ces années que certains parents voient apparaître la procrastination ou les addictions. L’hypersensibilité ou l’absence d’empathie qui vont aussi influencer les rapports avec les autres.

C’est aussi la période de la responsabilisation et de l’autonomie sociale, source d’anxiété pour les parents de TDAH. Pour un adolescent porteur du TDAH, être autonome c’est gérer seul son emploi du temps, ses trajets, ses fournitures scolaires, ses vêtements et, quand il en a, ses sorties avec ses amis. Tout cela semble très simple si l’on n’a pas de trouble d’inattention, une hyperactivité cérébrale ou un mode hyperfocus qui peuvent interrompre toute activité à tout moment.

ado L’adolescence d’un porteur de TDAH peut, à mon sens, être comparée à un manège de montagne russe. Des journées actives et positives et d’autres négatives où la violence physique ou verbale peut entrainer des crises familiales de la même intensité qu’un tsunami.

Puis l’adolescence passe …

A l’âge adulte :

Contrairement à une croyance populaire, le TDAH chez l’adulte ne disparaît pas. Toutefois, surtout si il a été diagnostiqué jeune, il peut se gérer.

Le trouble entraine donc toujours les mêmes conséquences

  • Pour l’inattention : des oublis, des problèmes d’organisations, une mauvais gestion du temps.
  • Pour l’hyperactivité : à l’âge adulte elle peut devenir plus cérébrale que physique. Cette transformation peut entrainer de l’impatience, un manque d’écoute envers les autres ou envers soi, l’arrêt d’activité par perte d’intérêt (ce qui peut entrainer de nombreux changements professionnels, comme personnels via des changements de lieu de vie par exemple).
  • Pour l’impulsivité : pratiquer des activités présentant un risque élevé de dangerosité, avoir des sautes d’humeur ou des crises de colères.
  • Pour les comorbidités complémentaires : être incapable d’analyser son comportement celui des autres et leurs interactions ; Avoir une faible estime de soi, procrastiner, avoir des addictions.

 

Le porteur d’un TDAH est donc soumis au quotidien à une bataille intérieure qui lui demande beaucoup d’énergie. Il peut trouver de l’aide dans la technologie, son entourage, le suivi médical et enfin le choix de son environnement.

La vie avec un porteur du TDAH n’est pas un long fleuve tranquille, ni pour lui ni pour son entourage. Toutefois la connaissance du trouble et de ses comorbidités sont des facteurs aidant pour poser le diagnostic, mettre en place les aides nécessaires et apprendre à lâcher-prise sur son quotidien.

 

 

*DYS / TSA : dysfonctionnement / trouble autistique

Sources : Association Hypersupers TDAH France – Trouble Déficit de l’Attention Hyperactivité – Enfant hyperactif (tdah-france.fr)
Le Blog de www.tdah-adulte.org
Témoignages des groupes FB TDAH adultes, TDAH ressources, TDAH associations (hypersuper, tous pareil etc ….)

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