Idiot, si aujourd’hui ce terme souligne un manque d’intelligence et/ou de bon sens, au 18ème siècle il sous-entend des porteurs de maladies mentales et parfois physiques.

La société, de l’époque,  regroupe dans les hôtels-Dieu sans distinction d’âges, de pathologies, sans instruction, ni soins médicaux adaptés, à la fois les épileptiques, les paraplégiques, les hémiplégiques, les porteurs de troubles cognitifs, les sourds, les muets etc ….. La croyance populaire voit, alors, dans ces individus des porteurs de la marque du diable, touchés par la disgrâce mais dont l’église prévoit de prendre soin. 

Puis la France entre dans l’industrialisation. Nous sommes au début du 19ème siècle, la philosophie des Lumières apporte une vision plus humaine de la situation des « idiots ».

On voit apparaitre de nombreux aliénistes, des médecins travaillant sur les maladies mentales, œuvrant pour les handicapés. Une classification des pathologies est proposée ce qui permettra d’établir un cadre médical autour des placements des individus dans les hôpitaux. L’ordonnance médiale devient obligatoire pour interner une personne.

Les études réalisées en Allemagne, en Espagne et en France vont démontrer que, en fonction de la méthode d’intégration dans la société de la personne handicapée, celle-ci peut apprendre et participer à la vie active.

C’est à cette période, en 1909, que l’aliéniste Désiré-Magloire Bourneville propose une loi pour intégrer ces enfants dans des structures éducatives. Reprenant les travaux de ses prédécesseurs, il ouvre à l’hôpital Bicêtre un service pour permettre aux « enfants idiots » d’être « éduqués ». Les enfants auront accès aux soins élémentaires (comme l’hygiène), aux soins médicaux et à l’instruction.

Il faudra 96 ans pour que la loi sur l’inclusion de 2005 permette à ces enfants d’intégrer leurs écoles de secteurs et de bénéficier d’aménagements scolaires.

De nombreuses lois ont contribuées à l’intégration de ces enfants dans la société, influençant ainsi les rapports humains entre les porteurs de handicaps et les personnes sans troubles.

Aujourd’hui, même si il y a encore du chemin à parcourir, l’avenir de ces porteurs de handicaps est chargé d’espoir. Qui, aujourd’hui, viendrait dire de Stephen Hawking, de Richard Branson ou de Ray Charles qu’ils étaient des enfants idiots ?

Sources : https://www.biusante.parisdescartes.fr/sfhm/hsm/HSMx2003x037x001/HSMx2003x037x001x0013.pdf : L’œuvre médico-sociale de Bourneville par Jacqueline GATEAUX-MENNECIER

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k770708/f33.item.r=.langFR : Traitement moral, hygiène et éducation des idiots par E. Seguin 1846

https://www.persee.fr/doc/psy_0003-5033_1905_num_12_1_3709#:~:text=faiblesse%20d%27intelligence%20qui%20est,la%20d%C3%A9mence%20et%20la%20stupeur : Types et degrés d’insuffisance mentale de S. de Sanctis // L’Année psychologique  Année 1905  12  pp. 70-83